J’ai reçu il y a quelques jours une demande bouleversante de conseil, de la part d’une femme qui est en train de perdre sa sœur. Dans cette lettre, la sœur semble avoir une santé fragile depuis bien longtemps ; elle a traversé de douloureuses épreuves depuis son adolescence et, arrivée sur le seuil de la cinquantaine semble avoir pris résolument la direction de l’autre monde…
Voici ma réponse :
« Ce qui arrive à votre sœur fait partie de la vie. Vous n’y êtes pour rien.
La seule part de responsabilité que vous avez, la seule chose qui soit sous votre contrôle, c’est votre réaction et ce que vous entreprenez à chaque instant…
Quel est le message que vous transmet votre sœur? Qu’avez-vous à apprendre dans cette situation?
Voyez le beau et coordonnez ainsi votre intention.
Voyez toutes les belles choses que vous avez vécues avec votre sœur, tout cet amour, et qu’il vous aide à l’accompagner à travers cette épreuve que son âme a choisie. Vous n’y êtes pour rien là non plus…
La mort n’est qu’un passage; elle effraie l’humain qui doute et c’est ainsi qu’elle nous enseigne à vivre pleinement chaque instant…
Restez focalisée sur vous, sur tout l’amour qui est en vous et sur la suite de votre vie…
Avec toute ma compassion. »
Que dire de plus ? Et de façon plus générale, que dire à une personne qui vit un deuil, qu’il soit par anticipation ou non ?
Éprouver de la gêne
Vous avez sans doute déjà, tout comme moi, été confronté à ce genre de situation, à devoir soutenir une personne ou lui exprimer vos condoléances. Vous avez sans doute éprouvé des émotions, de la tristesse, de la gêne, de la pitié, de la confusion. Vous avez sans doute eu de la difficulté à trouver les mots, peut-être même n’avez-vous pas répondu pour éviter de vous retrouver confronté au regard de l’autre…
Lorsque j’étais sur mon lit d’hôpital pour soigner une leucémie, j’étais surpris de l’absence totale de communication de certains de mes proches ; et quand je m’en ouvrais à d’autres, j’apprenais que ces proches étaient gênés de rentrer dans cet hôpital pour – d’une façon ou d’une autre – se retrouver confrontés à la mort, ou même à la simple possibilité de mort…
Et tout découle de là : notre façon d’observer la mort, notre interprétation de ce qu’elle représente, conditionne notre réaction face à la mort, et face à la vie…
Voir la mort comme une fin…
Voyons-y une fin, le vide, le néant, le noir, le gouffre et notre réaction face à cette personne n’est qu’une facette de ce qui dirige notre vie en toile de fond : la peur.
Dès lors, nos actions sont empreintes de contrôle, d’une façon ou d’une autre, même si cette affirmation vous apparait excessive. Nous contrôlons notre vieillissement en essayant de le ralentir par différents moyens : produits de soins, chirurgie esthétique, habits voire même comportements d’adolescent.
Nous nous réfugions dans des situations qui provoquent des plaisirs éphémères : consommation compulsive, bouffe, sexualité, alcools, drogues, jeu, qu’il soit virtuel ou d’argent ou toutes autres sortes d’addictions – travail, amour fusionnel, passion débordante pour quoi que ce soit. Si ces plaisirs s’envolent, la tristesse et la déprime reprennent leur place, fidèles compagnons de nos moments de spleen.
L’action nous fait sortir des pensées obsessionnelles ; les plaisirs de l’instant sont autant d’occasions d’occuper notre mental à faire autre chose qu’à véritablement penser…
Penser fait peur…
Je me rends compte que bon nombre de personnes autour de moi font tout pour ne pas avoir l’occasion de penser : « J’ai peur de penser », « Si je pense, je deviens fou », « quand je ne fais rien je déprime ».
Penser, ou plutôt, cesser de contrôler la pensée, donne alors toutes les possibilités au subconscient de faire ressortir des choses que le mental interdit, tout simplement pour vous éviter de souffrir.
Les peurs surgissent alors ; peur de la solitude, de la souffrance, du manque, peur de se retrouver confronté à une forme d’échec de sa propre vie, qu’il soit affectif, professionnel ou social…
Comme l’affirme l’approche ‘alchimique’ ou ‘Jungienne’, notre subconscient, dans ces moments de vide comme dans nos rêves, nous invite à aller regarder ces peurs, tels le chevalier sur le cheval de sa destinée va affronter le dragon.
Tant que le dragon n’a pas été affronté, voire même ‘embrassé’ ; tant que vous n’avez pas ‘fait l’amour’ avec votre dragon, comme le disait une participante à la formation NeuroQuantis, vous n’aurez pas affronté vos peurs et vous en serez toujours prisonniers. Votre vision de la mort ne changera pas et vos pensées, paroles et actions continueront d’en être influencées.
Et de fait, visiter les peurs et faire confiance à nos compétences de preux chevalier nous permet, comme dans les contes, de retrouver l’amour.
Voir la mort comme un retour…
En lien avec cette notion d’amour, voir la mort comme un retour vers le ‘Un’ et non comme une fin change radicalement notre façon d’appréhender la vie.
Au lieu de fuir nos pensées, nous les observons. Au lieu d’observer notre réalité ou les situations que nous vivons comme des causes de nos malheurs, nous observons celui qui observe – nous-mêmes – et la façon dont il interprète sa réalité, cette situation.
Tourner le doigt vers soi, c’est aller ‘affronter le dragon’. Affronter le dragon, c’est embrasser la mort, l’accepter et l’inclure dans l’entièreté de notre être pour ne jamais la renier ni la fuir. À partir de là, tout devient magnifique.
Conscient que la vie peut s’arrêter à tout moment, chaque instant goute la plénitude et sa rareté en augmente la valeur. Avez-vous envie de perdre ou de détruire quelque chose qui a de la valeur ? Non bien sûr. Alors, conscient de la valeur du temps qui passe, vous allez à l’essentiel de vous-même, vous allez vers l’expression la plus magnifique de ce qui fait votre exceptionnalité, tout en sachant profondément que vous n’êtes rien…
N’être rien
Accepter la mort permet ce paradoxe qui consiste à exprimer à la fois la merveille que nous sommes et l’humilité de n’être rien.
Êtes-vous choqué à l’idée de n’être rien ?
Êtes-vous choqué à l’idée d’être magnifique et exceptionnel ?
Qu’est-ce qui vous empêche de considérer que, comme tout le monde, vous n’avez rien d’exceptionnel et que, comme tout le monde, vous êtes exceptionnel ?
Je vous invite à me faire part de votre façon d’envisager tout cela par le biais d’un commentaire à la fin de ce blog
Je vous invite aussi à aller jeter un œil sur les formations que nous mettons en place avec Samy Kallel dans les ateliers NeuroQuantis pour vous permettre d’embrasser avec beaucoup d’amour votre dragon.
1 Response to "Vivre la mort d’un proche…"
Moi, je dirais, avec toute modestie, qu’on est à la fois TOUT et RIEN. Nous sommes les 2 A LA FOIS, en même temps. Comme les 2 faces d’une seule et même pièce… comment voulez-vous séparer les 2 faces d’une seule et même pièce??? Impossible n’est ce pas? Et donc accepter le fait d’être les 2, avec amour et gratitude, me convient bien… Etre dans l’UNITE en permanence… voilà un beau travail au quotidien!