Je me souviens d’une période de ma vie où je m’ennuyais le dimanche… journée morte que je remplissais tant bien que mal … Et vous ? Vous arrive-t-il de vous ennuyer ? Que faites-vous dans ce cas pour ‘tuer le temps’? Qu’avez-vous trouvé comme passetemps? Comment appréhender le temps, cet élément impalpable qui pourtant permet le rythme, les variations, les opposés ?

Hier matin, j’étais dans le métro. Face à moi, une mère et sa fille. La mère lit d’un air absent le gratuit distribué quotidiennement aux usagers des transports en commun, tandis que sa fille regarde à droite et à gauche, un écouteur sur les oreilles… À un moment, la fille pose sa tête sur l’épaule de sa mère, qui ne réagit pas… Je les ai observées pendant les quinze minutes du trajet: pas un regard, pas une parole, pas un geste si ce n’est cette tête qui se penche, désir furtif de contact resté sans réponse…

Les personnes qui empruntent les transports en commun ne le font pas par pur plaisir; besoin de se déplacer d’un endroit à un autre et l’obligation d’y consacrer une partie de la journée en terme de temps. De fait, il va falloir ‘meubler’ ce temps, l’occuper à quelque chose: lire un magasine, le journal, le dernier roman à la mode, écouter de la musique, envoyer frénétiquement des SMS ou encore, jouer sur le téléphone… Pour résumer, agir pour ne pas rester sans rien faire.

Éviter de ne rien faire…

Que faire?

Vous connaissez sans doute des personnes qui sont sans arrêt occupées à quelque chose. Pour ma part, je pense à deux personnes ; un ami et ma tendre mère. Tous deux sont des proactifs, sans arrêt en mouvement, même pour ma mère qui a pourtant atteint les 80 ans. Tous deux m’ont confié qu’ils ne pouvaient pas s’imaginer ne rien faire parce qu’ils allaient alors réfléchir et que cette réflexion leur faisait peur…

Réfléchir, ne rien faire, c’est comme contacter le vide. Les pensées qui pourraient alors survenir auraient sans doute une part d’inconnu, de non maitrisé. La simple idée de penser tout à coup à quelque chose de douloureux ou de non accepté crée l’angoisse. Elle reconnecte à l’échec, la perte, à un sentiment de honte ou de culpabilité voire, pire encore, au sentiment de ne pas avoir réussi à se créer la vie souhaitée, le conte de fées imaginé dans l’enfance ?

Tuer le temps pour ne pas avoir à réfléchir

La société actuelle nous incite à tuer ce pauvre temps qui n’a rien demandé, ce temps qui se content d’être et ne s’arrête jamais, succession d’instants qui se renouvèlent inexorablement…

Avant l’arrivée de l’électricité ou des nouvelles technologies, comment faisions-nous ? Quels étaient les passetemps de nos arrières grands-parents ? Ils devaient, il est vrai, effectuer un certain nombre de tâches essentielles pour la vie; travailler dans les champs, cultiver le potager, confectionner des vêtements, stocker les vivres et le bois pour l’hiver, sans oublier bien des choses qui ne laissaient aucune possibilité de choix ; la survie en dépendait.

De nos jours, ces contraintes ont disparu dans nos villes, elles sont effectuées par des sociétés de service, des machines perfectionnées ou des réseaux de distribution très élaborés.

Une pléthore de ‘time-killer’
smsDans le métro, un tiers – voire plus – des passagers sont ailleurs, immergés dans le cadran de leur téléphone portable ou de leur tablette électronique, dilués dans un espace insondable délimité par deux écouteurs, plongés dans les pages d’un livre ou d’un ebook. J’étais d’ailleurs impressionné d’observer trois jeunes ados, dont un avait le casque rivé sur les oreilles. Les deux autres lui parlaient comme si de rien n’était alors qu’il leur répondait vaguement en tripotant son bouton de volume… absent et absorbé tout à la fois…Hormis les hobbys traditionnels tels que le bricolage, le jardinage, le tricot ou la couture, les jeux de société ou les jeux d’argent, l’entreprise d’extermination de l’ennui nous procure de plus en plus de divertissements qui incitent à une société schizophrénique. Par schizophrénique, j’entends que dans cette société, il y a deux mondes : le réel et l’imaginaire, le virtuel.

Tuer le temps pour mieux ‘contrôler sa vie’

sablier

Quel que soit le moyen utilisé, ces passetemps ne sont que des moyens de ‘reprendre sa vie en main’, une façon de contrôler la réalité. Inconsciemment, l’être humain focalise délibérément sa pensée dans une direction, ne lui permet pas d’errer et de déterrer des choses qu’il préfère garder enfouies dans son inconscient.

En revenant chez lui, l’homme se pré-lasse sur son canapé, prélude à l’ennui. Il allume la télé et se divertit, se détourne de l’essentiel. Comme l’écrit Vadim Zeland, c’est habituel dans notre société, mais ce n’est pas normal. C’est un schéma inconscient pour se donner l’impression de contrôler la vie, mais ce schéma ne conduit qu’à donner le pouvoir à d’autres, et plus particulièrement à des entreprises qui divertissent, détournent de l’essentiel, détournent de soi et du rêve de l’enfant, nous font oublier la folie de la situation de notre société, de notre planète…

Comment pourrions-nous profiter du temps ?

Reprenons le cas de cette mère et de sa fille. Sans aucunement condamner l’absence de paroles entre deux êtres qui se côtoient au quotidien, j’ai ressenti en voyant cette tête qui se pose sur l’épaule comme un besoin de contact qui aurait du provoquer une réaction, ne serait-ce qu’un petit sourire, un bref instant d’attention.

Je guettais en vain cette réaction chez la mère… Absorbée par une lecture zombifiante – vous savez, ce type d’article ‘people’ qu’on peut lire en pensant à tout autre chose –, la maman rate manifestement une occasion de contact avec sa fille: « J’ai senti ta tendresse, je l’apprécie, je t’en remercie » ; un simple sourire, une caresse dans les cheveux ou sur le genou auraient constitué un trésor en soi.

Un trésor parce qu’un tel signe de reconnaissance – trop souvent absent dans notre société occidentale – conforte l’estime de soi: « je suis reconnue, je suis appréciée, digne d’être aimée». Un trésor aussi au niveau de la confiance en soi : « j’ai eu raison de pencher ma tête, de m’affirmer et de demander de l’affection ». Un trésor enfin parce que la relation mère / fille s’en trouve grandie: « nous communiquons, nous sommes à l’écoute l’une de l’autre, nous sommes unies et nous aimons ».

Découvrir le trésor du moment présent

Lorsque le vieil homme meurt, lorsque le mental se calme, lorsque l’égo se fait humble, alors l’être humain retrouve le goût de l’expérience à travers tout ce qu’il vit.

C’est le présent du présent ; chaque minute devient un instant, chaque instant est au présent… chaque instant en présence est une occasion de jouer, de vibrer, de ressentir, d’apprendre, d’évoluer, de grandir, de se réaliser…

Et si l’invitation du présent était de nous connecter à la part de nous qui ne demande qu’à être conscientisée ? à cette petite voix intérieure qui nous demande de l’écouter ? à cette pulsion interne qui affirme la vie et renie nos convictions que toutes tentatives d’améliorer notre quotidien sont vaines et utopiques ?

Et si la véritable invitation de la vie était de nous épanouir dans le présent, de nous connecter au courant de la vie et de nous diriger petit à petit vers le paradis que chacun d’entre nous imagine aisément après s’être débarrassé des scories du conditionnement du système ?

Après tout, ce n’est qu’une question de choix, conscient ou inconscient… Quel est le vôtre ? Quel est le nôtre ?

Je vous invite à me dire en commentaire quel est votre choix, comment vous voyez votre vie dans – disons – 3 ans, et ce que vous envisagez pour y parvenir…

Merci d’avance et au plaisir de vous lire ;-)

Olivier Masselot

www.oliviermasselot.com

www.neuroquantis.com


    3 replies to "Vivre au présent ou tuer le temps?"

    • Bintou

      Tout simplement un grand merci >3 j’éprouve beaucoup de gratitude à vous lire et je remercie l’univers entier de m’avoir dirigée vers votre page. Je me vois dans 3 ans remplie d’amour inconditionnel envers ma famille, et de gratitude vers toutes mes réalisations.

    • Lesage

      Merci Olivier, c’est quelque chose que j’observe aussi, nombre de personnes ont peur du vide, et remplissent leur vie avec des choses ou occupations futiles ! Maintenant si je dis que j’ai du temps, pour méditer, observer des fourmis ou les oiseaux voler dans le ciel, je suis prise pour une marginale, une rêveuse et presque comme quelqu’un de bizarre !
      Quel dommage de passer à côté de la vie comme cela ! Les livres de Vadim Zeland et vos conférences sont un réconfort pour avoir du recul sur ce monde qui court et qui en oublie de vivre !

    • Maxime

      Bonjour Olivier,
      Je découvre avec tendresse une partie de toi que je ne connaissais pas, douce et tendre.
      Merci de cette authenticité et de ce partage Olivier.
      Comment je me vois dans 3 ans ?
      Su ma ligne de vie que je me suis écrite en novembre 2011 : avoir une indépendance financière qui me permet de consacrer mon temps libre à promouvoir et enseigner l’éducation émotionnelle dans le monde.
      Transurfing, ma certification en tant que coach, mon blog Qualité Relationnelle, tout cela, je l’ai crée en cohérence avec ce projet de vie.
      Je me reconnais en plein dans ta proposition, celle de m’épanouir dans le temps présent.
      C’est pour moi un véritable refuge, le temps présent.
      Cela me permet de me recentrer sur l’essentiel, passer en mode observateur, lâcher l’importance, écouter mes ressentis, me connecter à la vie, à cette merveilleuse énergie qui vibre dans chacune de mes cellules.
      Me rapprocher de cette source qu’est l’amour, petit à petit et de vivre des moments fabuleux comme ce Hug collectif d’Amour qui a réunit le groupe Paris 8 à la fin du module 2 dimanche soir dernier.
      Vis un merveilleux WE.
      Maxime

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