Xilliams rentre tout guilleret de l’école ; visiblement, les enseignements dispensés par l’accompagnant révélateur lui ont plu. Milla, sa maman, l’interroge ; « Qu’est-ce qui te rend si joyeux mon chéri ? – On a étudié l’âge du bœuf maman ! C’est incroyable ! On a tous pleuré !!! » lui répond le bambin souriant. « Et pourquoi es-tu si joyeux maintenant ? – Parce qu’on ne reviendra plus jamais dans la civilisation du bœuf » rétorque Xilliams…
Approfondissons un peu plus cet étrange dialogue…
Nous sommes en 2078. La Planète Terre va bien ; l’humain s’est réparti sur tout le globe, l’habitat s’est intégré à la nature, l’eau et l’air sont purs. L’énergie libre mise à jour par Nikola Tesla en 1930 permet à chacun de s’éclairer, se chauffer et se déplacer sans aucun effet sur l’environnement.
La technologie est à la fois omniprésente et invisible. L’arrivée de l’ordinateur quantique a rendu impossible la dissimulation et les hommes ont appris à partager. La santé de chacun est bonne, les ressources essentielles garanties et, conséquence, la peur du manque a totalement disparu.
Xilliams suit les cours avec les petits camarades de son village. En fait, on appelle ce regroupement d’individus une ‘Alliance’. Elle a en charge la production locale, la répartition des biens de consommation et de la connaissance ainsi que la gestion de la reliance et de l’écologie résiliente.
– « Alors, Xilliams, explique-moi un peu de quoi t’a parlé ton révélateur aujourd’hui. » (c’est ainsi que se nomment les enseignants, qu’ils soient humains ou robots) demande Milla.
– « Il nous a dit qu’il y a eu sur Terre l’âge de la pierre, l’âge du fer et l’âge du bœuf, et il nous a expliqué ce que c’était. Pour la pierre et le fer, on comprend, mais pour le bœuf, il a fallu qu’il passe beaucoup de temps à nous expliquer…
– Et que vous a-t-il dit ?
– Il nous a dit qu’il y a 100 ans, on a commencé à élever des bœufs partout sur la Terre. On avait donné aux bœufs 30% des terres et 45% de l’eau ! je suis content parce que j’aime bien les vaches et les petits veaux !
– Oui, en effet, ça devait être super pour eux, n’est-ce pas ?
– Bin… Pas tout à fait. On prenait le lait des vaches pour le boire, et les petits veaux… on les mangeait… Quand il nous a dit ça le révélateur, on s’est tous mis à pleurer ! »
Les larmes brouillent le regard de Xilliams. Manifestement, sa tristesse est profonde et Milla le prend dans ses bras pour le réconforter…
– « Alors, qu’est-ce que tu as appris d’autre mon amour ?
– On mangeait tous les animaux. On croyait que c’était obligatoire pour être en bonne santé et avoir de la force. Et comme on avait besoin de beaucoup d’animaux, on les élevait dans des usines. Et comme ils étaient malheureux, ils tombaient malades et on leur donnait des médicaments. Alors on mangeait aussi ces médicaments quand on mangeait les animaux… »
Xilliams est maintenant secoué de sanglots. Dans sa petite tête d’enfant, les images sanguinolentes défilent et il s’imagine le calvaire de ces pauvres bêtes. Impensable puisqu’aujourd’hui, les animaux sont en liberté et participent à l’équilibre naturel. Les protéines végétales ont remplacé les protéines animales, inutiles et coûteuses, tant en terme d’énergie que de gaz à effet de serre, de déforestation, de malnutrition, de maladies chroniques
Après un petit moment de réconfort sur les épaules de sa maman, Xilliams reprend :
– « Tu sais, tous les enfants à l’époque buvaient du lait de vache, on pensait que c’était super pour les faire grandir ! »
– Oui, mon arrière-grand-mère m’en a parlé. Ils croyaient ce qu’on leur disait et avaient oublié qu’on utilise le lait pour coller les étiquettes sur les bouteilles. En fait, le lait favorisait le diabète et les cancers à cause des facteurs de croissance destinés au petit veau, mais ils ne le savaient pas…
– Et tous les enfants mangeaient de la nourriture toute préparée… Tous la même ! Il paraît même que les fabricants savaient comment notre cerveau allait apprécier la nourriture, alors ils mettaient plein de sucre, de sel, de lait, de graisse et de produits chimiques pour que les enfants comme nous soient contents de manger beaucoup et tout le temps ! et tout le monde était gros !
– Oui, et comme leurs papilles gustatives étaient saturées, ils ne mangeaient plus de légumes, ils n’aimaient plus ça ! Tu t’en rends compte ? Plus de légumes ?
– Ah ça, j’aimerais pas du tout !!!
Xilliams semblait perdu dans ses pensées… Cette idée d’être privé de légumes lui semblait inconcevable…
– Les enfants de ton âge préféraient ce qu’ils voyaient au ‘téléviseur’ à l’époque ; tu sais, c’est comme notre interviseur…
– Oui, il paraît même qu’on ne pouvait pas parler avec l’interviseur, qu’on ne pouvait que recevoir et écouter ce qu’on nous disait, même si c’était pas vrai… à cause de la tech-no-lo-gie à l’époque – difficile à dire ce mot…
– C’est aussi le progrès qui nous a permis d’arriver à aujourd’hui. L’homme, à l’époque de la civilisation du bœuf, faisait avec ce qu’il pensait devoir faire…
– Et tu sais quoi maman, comme la nourriture faisait partie des fêtes, tout le monde mangeait pareil, sans savoir pourquoi. Même le fromage dans les pizzas n’était pas du fromage ! c’était une sorte de mélange de matière grasse et de farine qui s’appelait l’analogue, avec des « faux goûts » pour faire semblant que c’était du fromage !
– Oui, mon chéri, les gens étaient fatigués parce que dans leur ventre, les ‘mimi bactéries’ étaient malheureuses. Alors ils étaient malades et on leur donnait d’autres produits chimiques pour les guérir ! Ils croyaient même qu’en mangeant du minerai ils allaient aller mieux…
– Ils auraient mieux fait de manger des légumes et des fruits !
– Sauf que les végétaux eux aussi étaient pleins de produits chimiques qu’on avait mis pour tuer les insectes et les abeilles !!!
– Pauvres petites abeilles et pauvres petits insectes ! »
À nouveau, l’émotion revient, bien perceptible chez Xilliams…
– « Tu sais mon chéri, c’était très très compliqué le monde à cette époque, alors plus personne ne voyait que la solution était très simple !!! Tout le monde était persuadé qu’il fallait inventer des choses incroyables…
– Oui, il paraît même qu’il y avait des scientifiques qui imaginaient qu’on allait pouvoir fabriquer des abeilles robots pour remplacer celles qu’on avait tuées, mais ça coutait très très cher !
– Oui c’est vrai, l’argent aussi était un véritable problème à l’époque… »
Un bruit dans l’entrée, suivit d’un resplendissant « Bonsoir mes amours ! » lancé par un papa en super forme.
– « Bonsoir papa ! Tu sais, on a parlé de l’âge du bœuf à l’école !
– Ah oui ? Ça devait être très intéressant !
– Oui, mais on était tristes aussi de savoir qu’on mangeait les animaux !
– Je comprends… mais tu sais, c’est aussi une époque très riche. On a commencé à se reconnecter avec la nature, on a pris conscience qu’on allait dans le mur et nos grands-parents ont alors pu commencer à transformer le monde et le rendre meilleur, en respectant la nature…
– Oui, ils sont gentils papy et mamy !
– T’as raison fiston ! Ils nous ont permis de nous rendre compte des conséquences de nos actes, ils sont redevenus responsables de ce qu’ils faisaient et ont aussi réconcilié notre pensée et notre corps,
– Ca je sais ! c’est la première chose que j’ai apprise en arrivant à l’école quand j’avais six ans !
– Et maintenant que tu en as huit, je vais te révéler un grand secret… tu es partant ?
– Oh oui, oui, oui !!!
– Et bien, tu sais quoi ??? Je t’aime ! »
—–
Alors, qu’en avez-vous pensé ?
Quel lien faites-vous avec les organisations aujourd’hui ?
Comment voyez-vous la condition de l’être humain de nos jours ?
Je serai ravi de lire vos commentaires sur mon blog :
Au plaisir de nos prochains échanges !
Olivier Masselot
Bibliographie :
Le rapport Campbell – La plus vaste étude internationale sur l’impact de l’alimentation sur notre santé – Colin & Thomas Campbell – Editions Ariane
Lait, mensonges et propagande – Thierry Souccar – Editions Thierry Souccar
Toxic Food – Enquête sur les secrets de la nouvelle malbouffe – William Reymond – Editions Flammarion
Faut-il manger les animaux ? – Jonathan Safran Foer – Editions de l’Olivier
Evolution spontanée – Comment co-créer une avenir positif – Bruce H. Lipton (science de l’épigénétique)et Steve Bhaerman (philosophie politique) – Editions Ariane
4 replies to "XILLIAMS ET LA CIVILISATION DU BOEUF"
Olivier, quelle merveilleuse histoire ce conte !
Et cela me rappelle ce magnifique film « La Belle Verte » censuré a sa sortie en France, peut etre trop dérangeant ?
http://www.youtube.com/watch?v=_-yIZNXnd6Y
Je viens de terminer la lecture de ton livre « Maintenant ou trop tard » et comme tu le dis si bien « Il y a d’autres livres tout aussi méritants qui sauront vous trouver
le moment venu… », d’autres livres, d’autres films et d’autres rencontres.
A bientot
Fabien
J’adore! C’est un conte qui devrait être lu dans toutes les écoles, collèges, lycées… et toutes les entreprises. ça fait du bien de lire ce conte même en ayant conscience de toute cette malbouffe, ça nous rappelle à l’ordre!
Quel talent!
Merci
Merci Olivier et beau rééquilibrage des forces de vie! J’aime cette façon d’envisager l’équilibre de la planète et j’y adhère avec enthousiasme et conviction en sentant l’ouverture des consciences qui s’éveillent peu à peu sur la Terre! Vive le réveil et merci de partager ta passion d’éveilleur!
Meveilleux Olivier! Tout simplement merveilleux ce conte! Je partage! Tous les enfants et grands enfants que nous sommes doivent s’en imprégner pour fonder le futur. Celui dont on rêve tous.
Merci mille fois,
Sara Beaulieu :)